Mon meilleur temps jusqu'ici était de 44mn45s, fait à Saint-Jacques en 2009 aussi. J'avais abandonné cette distance, parce que le 10 km c'est un exercice vraiment trop dur, courir en apnée ça n'est pas mon truc. Le 10 km c'est prendre une grande respiration avant le départ et souffler seulement une fois la ligne d'arrivée passée. Mais là je ressentais le besoin de m'étalonner sur la distance afin de calibrer au mieux ma préparation pour mes objectifs des 6 prochains mois : Trail du Glazig, Semi de St-Gilles, Trail de l'Aber Wrac'h, Trail de Guerlédan, Marathon de Rennes.

Mon objectif, étant donnée ma VMA et mes sensations sur le début de mon plan, était d'obtenir un temps entre 42mn et 42mn30s. Ambitieux pour moi, mais réaliste en fonction du moment (et des 8 kg perdus en 6 mois). L'idée était de partir sur une base de 4mn15s/km, et d'essayer d'accélérer à la fin si possible, le tout en tenant compte du cardio pour ne pas trop me mettre dans le rouge.

L'échauffement avant la course a été assez rapide : 10mn de footing, avec 4 accélérations pour faire monter un peu le coeur, le tout en compagnie de quelques gobions verts retrouvés avant le départ. Ensuite, placement sur la ligne de départ 10mn avant pour avoir une bonne place : pas question de perdre de l'énergie à slalomer pour doubler trop de monde. En fait je me retrouve avec Alex, Fred, Sébastien et Hervé : que du beau monde. En compagnie également du ballon 40mn qu'il ne fallait surtout pas suivre. Je suis préparé à un départ rapide, les départs sont toujours trop rapide.

Départ à 11h15 comme prévu, 7 secondes pour passer la ligne, et ça accélère tout de suite. C'est grisant comme sensation, la première fois que je coure à cette vitesse sur une course.

Au bout de 500m je m'aperçois que j'ai fait une erreur de débutant. Non pas les lacets, mais la ceinture cardio que j'ai oublié de resserrer. Très rapidement j'abandonne l'idée de m'arrêter pour la resserrer et je décide de la laisser me descendre sur les hanches. C'est la 2nde course que je vais faire sans cardio, la 1ère ne s'était pas bien passée. Mais aujourd'hui je me sens fort et sur de moi, je sens que je peux m'en passer. "Alea jacta est", on verra bien ce que ça va donner.

Les 2 premiers km sont bouclés en 4mn4s et 4mn : je savais que ça serait rapide, mais là c'est très rapide (le 2ème km est surtout en descente). Les sensations sont excellentes mais je sais que je ne peux pas tenir les 10 km à cette allure. Au premier passage sur le canal, surprise, Serge est présent avec son appareil photo et ses encouragements. Les 2 font du bien. Sourire, tout va encore bien.

A partir de là on rentre dans du plus dur. Le 3ème km en 4mn12, tout en côte. Le 4ème km en 4mn9, majoritairement en côte. On revient vers la ligne de départ. Il y a plus de spectateurs par ici : Hervé, Karen et leurs enfants m'encouragent en passant (Hervé mon coach me trouve belle allure mais me rappelle que la course n'est pas finie). Un peu plus loin ce sont les encouragements d'une collègue et de copines à elles : je bombe le torse et j'accélère (un peu). Je retrouve Hervé et sa famille. Ces 2 km sont parcourus en 8mn30s, je pensais être allé plus vite.

Au 6ème km, je passe en 24mn57s, ce qui me place un peu au dessus de mon objectif (ça fait du 4mn9s/km). Mais je ne le sais pas encore, j'évite de regarder le temps total et de faire des calculs (ou je ne suis pas capable de faire des calculs).

Le 7ème km se fait en 4mn4s, pratiquement tout en descente. C'est le km où je me pose des questions : qu'est-ce que je fais là aujourd'hui, pourquoi je ne ralentis pas (je pourrais même m'arrêter), pourquoi je fais de la course à pieds, ... ? La routine habituelle. Mais je sais qu'après il y a le passage sur le canal, et je vais pouvoir me "reposer" sur du plat.

Le 8ème km, couru entièrement sur du plat, mais pas le plus facile, loin de là : 4mn20s en ayant l'impression de tirer comme un fou. Retour à l'écluse de Saint-Grégoire, avec Serge qui est toujours là : photo et encouragements. Là le sourire est nettement plus crispé, on est vraiment dans le dur, heureusement il ne reste que 2 km.

Le 9ème km en 4mn23s. C'est de pire en pire. Impossible de savoir si je suis encore dans l'objectif, pas assez lucide pour ça. Je croise des coureurs de l'autre côté, ce sont les derniers de la course. Il y a finalement bien pire, moi au moins je suis presque arrivé. Je commence à doubler quand même quelques concurrents.

Le 10ème km et le dernier, celui où je dois me lâcher ! Hervé est là qui m'encourage justement à me lâcher : encore faudrait-il le pouvoir. Mais je le peux ... un peu. Encore des encouragements de la part de collègues qui habitent Saint-Grégoire : je bombe une dernière fois le torse et j'accélère un peu. Dernier virage, la ligne d'arrivée est au bout. Je fixe un coureur à quelques mètres devant moi (avec le tee-shirt rouge) et je me fixe comme objectif de le doubler avant la ligne d'arrivée. Objectif atteint.

41mn47s : je suis même un peu mieux que mon objectif ! Quelle course mais quelle souffrance. Comme prévu le 10 km s'avère une course très difficile.

Est-ce que j'aurais pu faire mieux ? je ne crois pas. C'est la première fois que je termine une course en serrant les dents (d'ailleurs pas très facile pour respirer).

Est-ce que j'ai une marge de progression ? Je ne sais pas. Je ne me suis pas particulièrement entraîné pour un 10, je suis juste au début de mon plan pour Saint-Gilles. Et je n'en ai pas vraiment envie. Je préfère définitivement le long, et même le très long.

Est-ce que la course aurait été différente si j'avais gardé mon cardio ? Je ne sais pas. J'aurais peut-être constaté que j'allais trop vite et me serais ralenti. J'aurais pu aussi voir que j'avais de la marge et accélérer.

Ma prochaine course maintenant, c'est trail Glazig (le 23 km) et je m'en délecte d'avance. Retrouver la boue et les chemins. Avec plus de vitesse et plus d'aisance pour en profiter encore plus.

Je crois que j'ai été plus bavard que prévu, mais c'est mon attirance maintenant évidente pour les longues distances ... et les longs discours.

Vincent